Jonas Wergeland est une célébrité au pays des fjords. Parti de rien, il a réussi à créer une émission révolutionnaire sur les Norvégiens remarquables. Sa propre existence faite de rencontres, de voyages et de coups de génie, semble déjà extraordinaire. Pourtant aujourd’hui, Jonas est accusé d’avoir brutalement assassiné la femme de sa vie, et alors qu’il attend son procès muré dans le silence, les médias déchaînés tentent sans succès de dresser le portrait définitif du héros déchu. Face aux infinies contradictions de son existence, surgit une femme mystérieuse qui va raconter l’histoire tortueuse de Jonas – de sa jeunesse, sombre et parfois cruelle, à son tragique désir de conquête. Or, plus le récit avance, plus les motifs jaillissent, et plus il semble évident qu’à travers ses révélations, elle poursuit un dessein bien précis.
Ce qui fait la puissance des livres de Jan Kjærstad, c’est cette langue incroyable, capable de se déployer à travers une myriade d’événements, déroulant chaque histoire comme les pensées d’une personne au seuil de la conscience. C’est la force d’un récit glissant vers le suivant, avant de revenir sur lui-même et prendre tout son sens. Chaque détail raconté finit par trouver sa place et se tisse alors une étonnante tapisserie, celle de la vie d’un homme faite de millions de fragments. Jonas Wergeland est un personnage d’une profondeur et d’une complexité fascinantes. Ce livre parle de la nature des histoires, de la façon de les raconter, et sa question centrale est de savoir si une existence démantelée en la multitude d’épisodes qui la composent puis réassemblée avec un soin exquis, pourrait avoir une fin différente, une fin où, cette fois, l’amour de toute une vie ne meurt pas assassiné.
Traduit du norvégien par Loup-Maëlle Besançon. Illustration de couverture par Geoffroy Monde. Format 16 x 23,5 cm. 480 pages.